Troisième jour
Où il est confirmé que
les chaussettes noires sont incontestablement le meilleur choix possible
pour participer au meilleur stage possible.
Quelques références théoriques, d’abord :
RYNGAERT, Jouer, représenter (textes et non textes, CEDIC 1985, apparemment épuisé)
L’auteur est un théoricien de l’animation d’ateliers théâtraux. Il s’attarde sur le rôle du meneur de jeu. Pour une fois qu’on parle de nous dans un vrai livre, ne boudons pas notre plaisir.
J. C. LANDIER et G. BARRET, Expression dramatique Théâtre (Hatier 1999)
Une théoricienne praticienne, qui propose des fiches pour l’animation d’atelier. Elle offre des pistes pour affronter les problèmes de gestion de l’espace, montre l’intérêt de recourir à un médium (objet support) pour lancer l’expression, etc. Nous vous la conseillons donc sur les conseils de Vincent, mais nous ne saurions trop vous rappeler, avec le même Vincent, l’importance de l’adaptation par chacun des exercices proposés à ses propres objectifs, à ses méthodes et aux besoins de son groupe. Eh oui, en théâtre comme dans le vrai travail des vrais profs, il n’y a pas vraiment de livre du maître.
L’échauffement du groupe, ensuite :
Nous marchons à nouveau. D’abord de manière aussi neutre que possible, puis en intégrant des consignes complémentaires telles que :
au ralenti
sur la Lune (attraction très faible)
sur Mars (attraction forte)
sur la tête ( !)
sur des œufs
etc.
ad. Lib
Les tableaux vivants :
On demande aux participants d'inscrire
quatre mots, sur quatre morceaux de papier, en respectant la commande suivante
:
Un mot désignant
un lieu réel (gare, rue...)
Un mot désignant
un lieu imaginaire (le paradis perdu, ...)
Un mot concret
(canoë, strapontin...)
Un mot abstrait
(hypocrisie, bêtise...)
On dispose ensuite les morceaux
de papier dans un casque à vélo (si vous n'en avez pas, vous pouvez peut-être
utiliser un autre contenant, mais dans ce cas, nous ne garantissons pas le
succès de l'exercice, ne l'ayant nous-mêmes éprouvé que dans les conditions
ci-énoncées).
Le casque est placé à l'avant de
l'aire de jeu, de manière à laisser les participants évoluer sur un espace
libre.
L'exercice fonctionne alors selon
le schéma suivant :
a. Tout le monde
évolue librement sur l'aire de jeu, sans rythme ni expression particulière
b. Une personne
volontaire tire au sort un papier et crie "Top !" , ce qui est le signal pour
les autres de se répartir des deux côtés de l'aire de jeu, à cour et à jardin.
c. La personne
qui a tiré le mot l'annonce alors, laisse quelque secondes de réflexion (sans
concertation) et donne un deuxième "top !"
d. Tout le monde
vient en scène pour composer une image fixe (tableau vivant) pouvant correspondre
au mot annoncé. Il est préférable que tout le monde n'entre pas simultanément,
de manière à ce que chacun puisse s'appuyer sur les propositions des premiers
entrants pour construire une image commune, et non la juxtaposition d'individualités
interprétant le mot donné (éviter, en somme, la zone 1... voir plus bas).
e. Celui qui
a donné le mot observe ce tableau quelques instants, puis dit "merci !" au
groupe, qui, joyeux, se disloque et reprend sa déambulation.
f. Un nouveau
participant tire un mot au sort et le rituel recommence. On est censé arrêter
lorsque tous les mots ont été utilisés.
Remarques complémentaires :
Le meneur de
jeu fait évoluer les consignes au fur et à mesure que le groupe s'installe
dans l'exercice. On peut ainsi demander d'ajouter une phrase par acteur lorsque
le tableau est constitué, un mouvement répétitif, etc.
Etre clair dès
le début sur la volonté d'utiliser ou non la totalité des mots disponibles,
et sur la possibilité de refuser ou non un ou plusieurs mots tirés au sort
si l'on estime qu'ils ne sont pas utilisables pour l'exercice.
Variante : match d'improvisation
à partir de répliques
Le principe est comparable à celui
du jeu précédent. Il s'agit de préparer un vivier de répliques, si possible
extraites du spectacle en cours de répétition.
Les participants sont à cour et
à jardin, à la lisière de l'aire de jeu.
Un volontaire tire deux répliques
au sort, annonce la première au groupe de cour, la seconde au groupe de jardin.
Après un court temps de concertation,
le groupe de cour entre et compose l'image correspondant à la réplique.
Idem avec le groupe jardin.
Les deux groupes se font face,
et s'offrent l'image qu'ils composent.
Remarques :
Cet exercice
a mis au jour des risques de "dérapage" dans la menée du groupe. En effet,
pour éviter une trop longue concertation, la contrainte suivante a été ajoutée
: le temps de concertation se passe debout sur une seule jambe. dès que quelqu'un
n'en pouvant mais pose à terre sa jambe levée, la concertation cesse. Cette
situation a pu être perçue comme une brimade, et donnait l'envie à certains
meneurs d'imposer des "gages" aux groupes en cours de travail. Etre clair
là-dessus. Point de théâtre sans confiance, et point de confiance dans la
brimade...
Les 4 zones :
Il s'agissait d'un travail visant
à mettre en évidence 4 zones correspondant à 4 degrés de relation au monde
pour un bipède sans plumes avec des ongles plats.
Zone 1 : je suis fermé sur moi-même,
rien n'existe autour. référence théâtrale : le monologue
Zone 2 : je suis centré sur une
relation à un seul autre, dans un dialogue exclusif. Référence : le dialogue
amoureux
Zone 3 : Je suis en relation avec
tout le groupe présent sur scène, je tiens compte de tout ce qui s'y passe
: le chœur
Zone 4 : J'ai conscience du monde
entier, au-delà des frontières du groupe présent physiquement.
L'idée était d'amener chacun à
éprouver ces quatre zones, qui restent théoriques. Pour cela, on demandait
à chacun de se mettre par son attitude, ses paroles, ses regards, dans les
quatre zones énoncées.
Beaucoup furent convaincus, d'autres
restèrent sceptiques quant à la validité ou à l'intérêt de ces concepts. Il
ne s'agit en tout cas pas d'un exercice à transposer, mais d'un repère théorique.
Donc contingent et discutable. Et discuté.
Nous mangèrent ensemble dans la
bonne humeur malgré qu'on avait eu le pied en l'air et les fourmis qui fourmillîmes
dedans et que les d'aucuns susnommés contestassèrent les zones en bougonnant
dans leur brouet..
Après quoi, nous fûmes de retour
pour travailler.
Travail sur le début de Arlequin
valet de deux maîtres de Goldoni, traduction Pascal Adam.
A la différence du travail de la
veille qui cherchait à obtenir un jeu sincère et peu démonstratif, on recherche
ici la bouffonnerie, l'exagération, le clownesque (personnages surjouant un
accent, un défaut de langage, un sentiment...)
L'idée était aussi d'explorer la
possibilité de doubler certains rôles, successivement (passage du rôle d'un
acteur à l'autre) ou simultanément (deux ou trois acteurs en scène jouant
ensemble le même personnage.)
Les marionnettes :
Dernier temps de jeu de la journée.
Les participants sont deux par deux, l'un ferme les yeux et se laisse manipuler
par l'autre comme une marionnette. Pas de paroles, du contact. Déplacements
dans la salle. Manipulation réalisée progressivement par l'ensemble du corps
du manipulateur. Exploration d'une manipulation réciproque (les deux sont
à la fois marionnettes et manipulateurs).
Le soleil baissait et les stores
remontaient, alors nous comprenâmes qu'il était temps de dresser le bilan
de ces trois drôles de journées que nous avions passées ensemble.
Tout le monde disa que c'était
bien, qu'on avait appris des chose même si on est des profs, et que nous souhaitions
renouveler et préciser l'expérience dans un futur stage...
Merci à Vincent Parrot, de la compagnie
Alliage Théâtre pour son travail efficace à nos côtés. Merci à Aurélie qui
a organisé ce moment. Et à Dominique qui maintient le site en temps réel pour
nous livrer ces textes et photos qui feront date, n'en doutons pas.
A bientôt !
Fayçal
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Une réplique : improvisation |
Vous avez deviné qu'ils sont en Zone 2... |
... et là en Zone 3 |
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Pas facile d'être seul en Zone 3 ! |
Un peu de THEORIE |
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On joue Goldoni. |
Travail sur l'équilibre... indispensable. |
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Qui manipule qui ? |